Registres matricules
Collectés à l’échelle individuelle, de nombreuses sources peuvent venir compléter l’enquête TRA pour étudier des aspects spécifiques de l’histoire économique et sociale de la France. Les registres matricules militaires constituent un bon exemple d’une telle source. En effet, ils fournissent pour chaque individu des renseignements considérables, notamment un suivi des résidences successives entre 20 et 46 ans. Les informations fournies par les registres matricules ont deux origines différentes, certaines sont directement recueillies par l’armée au moment du passage devant le conseil de révision, tandis que les autres – particulièrement les changements de domicile – sont simplement collectées à partir des déclarations des conscrits entre 20 et 46 ans. Ces informations sont uniques par de nombreux aspects; elles ne figurent pas, par exemple, dans les sources fiscales ou matrimoniales.
Les registres matricules sont en effet la conséquence directe d’une profonde réorganisation de l’armée française à la suite de la défaite de 1870 qui voit la fin d’un système fondé sur un service long effectué par une minorité de conscrits et la mise en place d’un service militaire universel. L’innovation majeure est la création des réserves : les conscrits accomplissent un service long (au départ vingt ans) divisé en quatre grandes parties, le service actif (le service militaire proprement dit), la réserve de l’armée active, l’armée territoriale et enfin la réserve de l’armée territoriale. Cette mesure marque le premier pas vers une armée de conscription universelle, passage qui n’est effectif qu’en 1905. En théorie, tout homme est soldat et peut être appelé à n’importe quel moment avant la fin de son service militaire qui survient à l’âge de 46 ans.
Concrètement, les registres matricules sont consignés dans les archives départementales qui correspondent à la région militaire de résidence des parents lorsque le conscrit a vingt ans. Pour des raisons pratiques, on travaille donc à l’échelle départementale : ici, on a collecté l’ensemble des conscrits dont le nom commence par les lettres TR A dans un département donné. Il s’agit en effet de constituer un échantillon mobilisable dans le cadre de l’enquête TRA pour ensuite les apparier avec le reste de l’enquête, ce qui permet un enrichissement réciproque.