Les mariages

L’utilisation des données de l’état civil pour reconstituer les descendants des familles TRA initiales constitue le cœur de l’enquête 3000 familles. En effet, lancé il y a plus de 25 ans par un historien démographe –Jacques Dupâquier– le projet TRA se caractérise par son ambition pratique et programmatique : il s’agit de renouveler l’histoire de la population française en développant une enquête à l’échelle nationale permettant la reconstitution de plusieurs milliers de familles. L’enjeu est de rompre avec la logique monographique (monographie familiale ou monographie villageoise) en collectant à l’échelle nationale l’ensemble des informations démographiques contenues dans les Archives de l’état civil concernant les individus dont le patronyme commence par les lettres TRA. Ces informations, une fois saisies, devaient être appariées (en regroupant les différents actes portant sur un même individu) afin de pouvoir procéder à une reconstitution de généalogies descendantes (pour une partie des TRA, les 3000 familles étant –initialement du moins– sélectionnées sur la base du fait que leur aïeul est né entre 1800 et 1820). Cet échantillon a été conçu pour être représentatif au 1/1000e de la population française (ce qui a pesé notamment sur le choix des lettres TRA).

Cependant, dans la pratique, le volet démographique de l’enquête, particulièrement du fait de l’ampleur des tâches envisagées, a progressé relativement lentement. Le travail de collecte lui-même a reposé sur une armée de généalogistes bénévoles dont il a fallu vaille que vaille organiser et homogénéiser la production. La saisie a été plus longue que prévue et certains aspects ont dû être abandonnés (comme la saisie complète des actes de mariages). La collecte des informations du XXe siècle a été particulièrement difficile dans la mesure où les archives restaient des archives vivantes et, comme telles, étaient très dispersées.

Finalement, les deux parties de l’enquête TRA, le volet démographique et le volet patrimonial, ont suivi des logiques différentes tant du fait des sources et des méthodes qu’ils se sont données qu’en raison des exploitations qui ont été réalisées. Il s’ensuit que les individus des deux échantillons ne sont pas nécessairement identiques. Cette divergence partielle a contribué à autonomiser dans les faits le volet patrimonial de l’enquête qui est donc présenté ici, seul.